Enfin, l'antique véhicule fait crisser ses roues d'acier sur les rails. L'arrêt est rude, très rude... Cependant, debout, devant la porte du bout de wagon, le paria se penche juste légèrement sur le côté, bien en appui sur ses jambes pourtant frêles sous son treillis.
Et puis, enfin, l'arrêt total du véhicule, et la silhouette qui se balance brièvement sous l'effet du déséquilibre engendré par la modification des forces en action. Mais la seconde d'après, sa main gauche, gantée de cuir, se relève enfin et ouvre la vieille porte qui grince sur ses rails.
Au dehors, le quai est ce qu'il a toujours été, froid, lugubre, sinistre. Cependant, ce n'est pas le genre de chose qui ferrait reculer un quelconque nouvel arrivant en ville... Un nouvel arrivant, comme un ancien natif. Aussi le masqué n'hésita pas une seule seconde, descendant calmement du train pour s'écarter de son moyen de transport en transportant une importante valise, pendante à sa main droite.
Une fois le pied dans la place, l'encapuchonné pivota sur lui-même. Sous son masque, il pouvait les voir, les mines patibulaires côtoyant de prétendus honnêtes gens... Par-ci par là, on pouvait observer un paumé, apeuré et intimidé par les lieux, sans pour autant tourner les talons et retourner se cacher dans le train pour repartir aussi vite qu'il est venu.
Et enfin, alors que le flot de nouveaux arrivants le contournent sans autre raison apparente que son sinistre accoutrement... Rien... Comme toujours, nul ne vient ici pour quitter Basin... Pourquoi ? Car aucun wagon mortuaire n'est affrété ici... A Basin City...
~Nul ne part la tête haute...~
Doucement, le paria se détourna du train, celui-ci commençait déjà à reprendre sa route, vide de toute vie... L'enfer avait reçu ses âmes quotidiennes, comme celles de la veille, celles du lendemain, jusqu'à ce que l'enfer n'ait plus besoin de Basin City comme avant-poste... Lentement, le masqué quitta la gare, sa valise à la main.